mardi 25 janvier 2011

Bienvenue dans le monde de la pédophilie !


En 2006, nous publiions un article sur la responsabilité du Vatican ainsi que du cardinal Joseph Radzinger, devenu le pape Benoit XVI plus tard, sur la manière très méthodique d'étouffer les affaires de pédophilie de leurs prêtres. Cette affaire est aujourd'hui au grand jour. Imaginez un ministre de l'Education Nationale envoyant une directive secrète à tous les chefs d'établissements leur imposant d'étouffer les affaires de pédophilie dont leurs professeurs se rendraient coupables à l'encontre de leurs élèves. Laisseriez-vous votre enfant partir à l'école en toute sérénité ou au contraire, exigeriez-vous la poursuite en justice de ce ministre ainsi que des professeurs coupables de crimes sexuels ? La réponse vous semble sûrement évidente, mais elle ne l'est point pour le Vatican...

Le Vatican et les Crimes sexuels

Un document secret du Vatican dit comment procéder dans les cas de scandales de pédophilie au sein de l'Eglise Catholique.

Avant de devenir pape, le cardinal Joseph Ratzinger a fait appliquer le document intitulé "Crimen Sollicitationis".

Il enseigne aux évêques sur la manière de procéder en cas d'allégations de crimes pédophiles contre des prêtres.

Les critiques dissent que ce document a été utilisé afin d'échapper aux poursuites pour viol sur enfants.

Crimen Sollicitationis a été écrit en 1962 en latin et donné aux évêques du monde entier qui ont reçu l'ordre de la tenir enfermé dans leur Eglise !

Il leur enseigne la façon de procéder en cas de "crime de sollicitation" par les prêtres dans le cadre du confessionnal. Il évoque également

Il impose le secret absolu tant de l'enfant victime que du prêtre mais aussi d'éventuels témoins extérieurs.

Briser ce serment signifie une excommunication de l'Eglise Catholique

Colm O'Gormann, reporter pour l'émission Panorama de la BBC, a trouvé sept prêtres accusés d'abus sexuels sur mineurs et vivant dans ou autour de la cité du Vatican.

L'un des prêtres, le Père Joseph Henn, a été poursuivi pour 13 cas de molestations par un « grand jury » aux Etats-Unis.

Durant le "tournage" du reportage "Sex Crimes and the Vatican", Colm a trouvé que le Père Henn se battait pour ne pas être extradé du Vatican.

Le Vatican ne l'a pas force à retourner aux Etats-Unis afin de faire face aux accusations retenues contre lui.

Après le reportage, le Père Henn a perdu son combat contre son extradition. Mais il a fui le Vatican et on pense qu'il se cache quelque part en Italie pendant qu'un mandat d'arrêt international a été lancé contre lui.

Colm O'Gorman a été violé par un prêtre catholique lorsqu'il avait 14 ans dans le diocèse de Ferns dans le comté de Wexford en Irlande.

Le Père Fortune a été accusé de 66 cas d'agressions sexuelles et d'une autre offence sexuelle relatant un enfant de 8 ans. Mais il s'est suicidé à la veille de son procès.

Colm a débuté une investigation avec la BBC en mars 2002 qui a conclu à la démission du Docteur Brendan Comiskey, l'évêque à la tête du diocèse de Ferns.

Colm a fait pression pour que le gouvernement ouvre une enquête, ce qui a débouché sur le rapport Ferns.

Il a été publié en octobre 2005 et révéla que :" Une culture du secret et la peur du scandale a mené les évêques à placer les intérêts de l'Eglise Catholique au-dessus de la sécurité des enfants »

L'Eglise Catholique a de par le monde 50 millions d'enfants dans sa congrégation mais aucune politique universelle de protection de l'enfant ; bien qu'au Royaume-Uni il y ait le bureau catholique de la protection des enfants et adultes vulnérables.

Cela signifie que dans certains pays le Crimen Sollicitationis est la seule politique appliquée

Le Vatican a refusé de répondre aux requêtes répétées de Panoama concernant les différents cas montrés dans le reportage.

(Source B.B.C : Sex crimes and the Vatican, 29 septembre 2006 , traduit de l'anglais par Athétürk).


Crimen Sollicitationis: Une interprétation.

Le père Tom Doyle est juriste en droit canon. Il a eu une carrière diplomatique avec le Vatican mais fut viré après avoir critiqué la manière dont l'Eglise traite les cas d'abus sexuels sur enfants. Il donne son interprétation du Crimen Sollicitationis dans le documentaire Panorama.

" Crimen Solicitationis est l'instruction d'une politique mondiale sur le secret et le contrôle absolu de tous les cas d'abus sexuels du clergé.

Mais ce que vous avez réellement ici est un écrit explicite afin de dissimuler les cas d'abus sexuels sur enfants par le clergé en punissant ceux qui voudraient attirer l'attention sur ces crimes commis par des hommes d'église.

Vous avez une politique écrite qui dit que le Vatican contrôlera ces situations et vous avez aussi je pense l'évidence claire écrite du fait que tout ce dont ils se préoccupent est de contenir et de contrôler le problème.

Nulle part dans aucun de ces documents il n'est fait mention d'une aide aux victimes.

La seule et unique chose qui y est dite est qu'ils peuvent imposer la peur aux victimes et les punir pour avoir discuté ou divulgué ce qui leur est arrivé.

Tout est contrôlé par le Vatican, et au sommet du Vatican est le pape. Donc Joseph Ratzinger était au centre la plupart du temps où ce document était en application. Il créa une suite à ces documents et maintenant il est le pape. Tout ceci signifie que la politique et l'approche systématique du problème n'ont pas changés.

Le Cardinal Ratzinger, maintenant Pape, pourrait dire demain : " Voici notre politique : dorénavant nous révèlerons toute affaire aux autorités civiles, nous isolerons et destituerons tous les ecclésiastiques accusés et prouvés coupables.

Une complète ouverture et transparence, une complète ouverture de toutes les situations financières, arrêter toutes les barrières pour la procédure légale et coopérer complètement avec les autorités civiles. »

Il pourrait faire cela.

( Source orignale B.B.C, Crimen Sollicitationis, an interpretation, 29 septembre 2006, traduit de l'anglais par Athétürk )


Immunité papale contestée

Alors que les projecteurs internationaux sont braqués sur Benoît XVI, le Parti radical italien a donné la parole à l'avocat et exséminariste américain Daniel Shea. Celui-ci a rappelé, mercredi à Rome, que Joseph Ratzinger a été personnellement appelé dans un procès à la Cour du district de Harris County (Texas). Trois plaignants s'opposent au Père Juan-Carlos Petino-Arango, accusé d'actes pédophiles. Il est reproché à Joseph Ratzinger d'avoir signé et envoyé en 2001 une lettre disciplinaire aux évêques sur «les délits les plus graves réservés à la Congrégation pour la doctrine de la foi» dont il était le patron. Cette lettre précisait les huit délits réservés au Tribunal de la congrégation. Outre ceux contre les sacrements d'eucharistie et de pénitence, y figurent les délits des prêtres contre des mineurs. Ces délits sont couverts par le secret pontifical, les évêques se chargeant de la seule enquête préalable.

Selon l'avocat américain, l'inscription de Joseph Ratzinger sur la liste des accusés vise à mettre fin à la couverture par le Vatican des abus sexuels commis par des prêtres. Depuis son élection, Benoît XVI aurait fait une demande formelle d'immunité diplomatique en tant que chef d'Etat: «La réponse est désormais dans les mains du président Bush», a expliqué Daniel Shea. «Nous n'avons aucune haine envers les prêtres coupables d'actes pédophiles, ce sont aussi des victimes», dit Daniele Capezone, secrétaire des radicaux italiens. Au soir du 16 août, le Parti radical et l'association «anticlericale.net» ont manifesté devant la place Saint-Pierre, avec des pancartes: «Président Bush, pas d'immunité pour Ratzinger», «Stop au secret sur les abus sexuels commis par le clergé!»

Source APIC/La Liberté - 20 aout 2005

Notre conclusion : En ce début d'année 2006, l'effort était mis par l'Eglise Catholique,en la personne d'André XXIII, archevèque métropolitain d'Île de France, pour remettre à la mode le catéchisme. 26 000 affiches vinrent souiller les murs de la capitale, 405.000 dépliants, ainsi qu'une lettre adressée à 100.000 familles. Pour un coût total de l'opération de 200.000 €. L'archevèque entendait «Annoncer aux enfants cet amour de Dieu pour les hommes, les ouvrir au respect d'autrui et au don de soi, voilà le service que nous pouvons leur rendre». Ainsi, nous sommes en droit de nous interroger sur l'amour porté par l'Eglise catholique sur les enfants confiés à son entière responsabilité.

Il n'est pas dans nos idées de faire croire que tout prêtre est pédophile, comme tout musulman n'est pas islamiste. Néanmoins, tout parent aimant ses enfants, et ne pensant qu'à leur bien, devrait avoir la présence d'esprit de les retirer du catéchisme, tout comme il le ferait à n'en point douter, si le ministre de l'éducation nationale avait envoyé une telle directive avant que son représentant ne soit jugé. Comme doivent être les autorités vaticanes, ainsi que Benoit XVI.

A l'heure où certains, à l'instar de Benoît XVI, voudraient nous imposer l'idée d'un ' choc des civilisations ' et d'une Europe aux racines chrétiennes, il convient de s'interroger et de remettre en question les rapports étroits entretenus entre les différents Etats Européens et l'Eglise Catholique. Rappelons que le projet de Constitution Européenne accordait, dans l'article I-52, une place privilégiée au statut des églises:

"1. L'Union européenne respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient en vertu du droit national, les églises et les associations ou communautés religieuses dans les Etats membres.

2. L'Union respecte également le statut dont bénéficient en vertu du droit national, les organisations philosophiques et non confessionnelles.

3. Reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l'Union maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec ces églises organisations."

L'Union Européenne doit-elle continuer le dialogue avec les Eglises, tout en sachant que l'Eglise catholique viole les droits des enfants supposés être sous sa protection ? Ni l'Europe, ni tout autre Etat du monde arabo-musulman, n'ont de leçons à recevoir d'un Etat, ainsi que de son représentant Benoit XVI, ayant mis en place un système protégeant les violeurs d'enfants depuis 1962.


Archive : Le Crimen Sollicitationis, disponible en ligne, en latin & en anglais.


(original)http://atheturk.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=85&Itemid=153

Vatican et Pédophilie : on s’accommode en silence

Au moment où le Pape manifeste sa volonté de revenir à d’anciens rites, il convient de s’interroger sur les us et coutumes du Vatican en ce qui concerne la pédocriminalité. Un document de 1962, écrit par le Cardinal J Ratzinger demeure en vigueur. Étonnant !

Dans un article du 10 janvier 2008, Fabrice Arfi, journaliste de l’hebdomadaire La Tribune de Lyon, s’interroge sur les étranges silences de l’Église suisse dans une affaire de pédocriminalité impliquant un prêtre, Joël Allaz, qui vivrait à l’abri, dans un monastère suisse. Ce dernier, non seulement, avoue tous les crimes qui lui sont imputés mais il en dévoile d’autres commis en France où il a vécu - Grenoble et Lyon - entre 1989 et 2005.

L’Église suisse a officiellement indemnisé certaines de ses victimes en 2002, reconnaissant de fait la culpabilité du prêtre, mais elle l’a autorisé à se réfugier, depuis deux ans, dans une fraternité de frères capucins à Delémont, dans le Jura suisse.

Suite à ces révélations, le quotidien de Lausanne, Le Matin, en date du 11 janvier 2008 affirme que le père Allaz a été envoyé en vacances par sa hiérarchie. Dans le même temps, le procureur général de Lyon, Jean-Olivier Viout, a saisi, le 10 janvier 2008, les autorités judiciaires suisses pour leur demander une audition « détaillée » du religieux,

Cette affaire qui révèle l’omerta de l’Église, voire, carrément une volonté d’obstruction à la bonne marche de la justice, pourrait paraître banale, tant ce genre d’affaires se multiplie. Cependant, l’attitude de l’Église n’est pas exceptionnelle, elle s’inscrit dans un contexte où la loi des hommes semble ne pas être la même à Lyon, Lausanne,... qu’au Vatican...

En effet, depuis plus de 40 ans l’Église catholique romaine semble considérer que sa conception de la justice est au-dessus de celle des États. Au vu du Vatican, le crime de pédocriminalité n’est qu’un péché qu’il convient de cacher, pas un crime, et les hiérarchies nationales appliquent cette règle avec le maximum de ruses.

On pourrait croire que l’Église, comme les institutions laïques qui accueillent des jeunes gens ou des enfants - services sociaux d’accueil et d’hébergement, établissement scolaires, établissements de santé, etc. - agit de façon opportuniste, au cas par cas pour se couvrir. Il n’en est rien ! Et ce que cela révèle au plan moral, éthique, philosophique et religieux est de toute première importance.

Le Cardinal Ratzinger rattrapé par son passé
Dans une émission hebdomadaire d’investigation « Panorama », du 01 octobre 2006, la BBC dévoile l’existence d’un document secret, rédigé en 1962 et mis à jour en 2001, qui détaille comment doivent être abordés les cas de pédophilie découverts au sein de l’Eglise catholique. Ce documentaire, « Les crimes sexuels et le Vatican » a été réalisé par le journaliste Colm O’Gorman.

Le document romain, intitulé Crimen Sollicitationis, indique aux évêques du monde entier comment procéder en cas de « crime de sollicitation », dans le cadre du confessionnal ou en dehors.

Le document précise que la sollicitation concerne des actes obscènes à l’encontre de fidèles mineurs, que ce soit par la parole ou les gestes. Les instructions marquées « confidentiel » devaient être conservées et enfermées dans le coffre de leur église par les évêques.

Elles exigeaient notamment le secret absolu, tant du prêtre que de la victime, ou encore d’éventuels témoins ou personnes informés, selon la BBC. Le non respect de ce serment signifiait une excommunication.

Ce document est accessible à l’adresse URL suivante .

Vous pouvez également le télécharger sur le site Sauver l’Enfance en Danger :

« Cette procédure visait initialement à protéger la réputation d’un prêtre jusqu’à ce que l’Église ait mené une enquête, mais en pratique elle peut permettre d’étouffer l’affaire », avance le documentaire.

« L’homme chargé d’appliquer cette politique pendant 20 ans était le cardinal Joseph Ratzinger, l’homme qui est devenu pape sous le nom de Benoît XVI » ajoute le journaliste.

Les représentants britanniques de l’Église catholique, très mobilisés, ont immédiatement dénoncé ces accusations, les jugeant fallacieuses et expliquant que le document incriminé ne faisait nullement référence aux abus sexuels mais seulement à l’usage impropre du confessionnal.

Les évêques d’Angleterre et du Pays de Galles dénoncent immédiatement le documentaire de la BBC accusant Benoît XVI d’avoir étouffé des affaires de pédocriminalité.

Le lendemain, le Vatican apporte son plein soutien aux évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles dans leur dénonciation du documentaire de la BBC qui, de fait, accuse le pape Benoît XVI d’avoir contribué à étouffer des affaires de pédocriminalité alors qu’il était encore président de la Congrégation de la doctrine de la foi.

Le Vatican fait savoir qu’il n’exprimera aucun commentaire en son nom propre au sujet de ce documentaire. Le communiqué annonce cependant qu’il adhère pleinement à la réaction virulente de l’archevêque de Birmingham, Vincent Nichols.

Au nom des évêques britanniques, ce dernier estimait que la BBC devrait « avoir honte du niveau de journalisme exhibé dans cette attaque injustifiée contre le pape Benoît XVI ».

Vincent Nichols distingue deux volets du documentaire : le premier met en avant des cas de pédocriminalité mettant en cause des prêtres, ce qui selon l’archevêque est pris très au sérieux, avec prudence et en toute transparence, par l’Église ; le second met en cause le Vatican.

« Ce volet du documentaire est erroné et totalement trompeur », estime-t-il dans un communiqué approuvé par les évêques d’Angleterre et du Pays de Galles.

« Il est erroné parce qu’il dénature deux documents du Vatican et les utilise de manière trompeuse pour relier les horreurs de la pédophilie à la personne du Pape. »

Pour sa part, le cardinal Cormac Murphy-O’Connor, chef de l’Église catholique d’Angleterre et du Pays de Galles, envoie à Mark Thompson, le directeur général de la BBC, une lettre pour protester contre l’émission, diffusée sur la chaîne publique anglaise.

Dans le documentaire, le journaliste réalisateur à demandé à un expert du droit canon rompu aux arcanes de la rhétorique vaticane, le père Tom Doyle, renvoyé du Vatican parce qu’il avait critiqué la manière dont la hiérarchie catholique gérait ces cas d’abus sexuels, d’interpréter le document pour la BBC. Cet expert, interrogé dans le documentaire, estime qu’il s’agissait bien d’une volonté explicite d’enlever tout droit de parole aux victimes sans condamner pour autant l’auteur des « sollicitations ».

La contre attaque fut d’autant plus empressée et virulente qu’elle mettait en cause le Pape lui-même qui fut en 1962 le rédacteur de cette charte. Elle obéissait de plus, aveuglément, à un réflexe tissé par 20 ans de pratiques : le secret et une forme auto justifiée d’exercice de la justice qui protège l’institution et non l’individu victime sans, à aucun moment, tenir compte du droit local. Ce que soulignait la BBC, dans un communiqué répondant aux critiques des évêques, en arguant que « la protection des enfants est, de manière évidente, un problème qui relève de l’intérêt public ».

L’affaire fut rapportée sans trop de soutien par quelques médias français, notamment le Nouvel Obs dans un article titré : « Le Pape soutenu »

Les précédents
Le Cardinal Ratzinger fut, de 1981 à son élection en 2005, le président de la Congrégation pour la doctrine de la foi, département du Vatican chargé de promouvoir et de protéger la doctrine et les mœurs. À ce titre, il fut également chargé de son application.

Jusqu’à présent, c’est surtout l’Église catholique des États-Unis qui a été ébranlée par des affaires de pédophilie, le Pape Jean-Paul II ayant convoqué au Vatican les 14 plus hauts dignitaires du clergé US pour les tancer sévèrement quant à leur laxisme sur ce dossier. Dans la foulée, trois évêques avaient dû démissionner, plus de 200 prêtres ont été suspendus, tandis que plus d’un millier de plaintes sont en cours d’examen devant des tribunaux.

C’est en 2002 qu’éclate une affaire impliquant l’Église catholique américaine avec l’affaire de John Geoghan.

John Geoghan, 66 ans, dont le procès, au terme duquel il fut reconnu coupable en janvier 2002, a été à l’origine du scandale secouant l’Église catholique américaine depuis ce début d’année 2002, avait été condamné à dix ans de prison pour actes pédocriminels. Muté de paroisse en paroisse par sa hiérarchie, pendant 30 ans, il aurait commis plus de 140 agressions sexuelles sur des enfants.

Or, de 1991, date à laquelle tombèrent les premières dénonciations, jusqu’en 1998 où il fut défroqué, l’Église catholique américaine tenta d’étouffer l’affaire. Un article de Wikipedia anglophone relate l’histoire de ce scandale. (http://en.wikipedia.org/wiki/John_G...)

Condamné en 2002, John Geoghan fut étranglé dans sa cellule, le 23 août 2003, par un co détenu Joseph L. Druce qui avoua son crime avec fierté.

Dossier du Boston.com News

http://www.boston.com/news/specials/geoghan/

Par ailleurs, un film relate la saga de ce prêtre qui aurait abusé de plus de 140 enfants durant 30 ans. Voici la présentation du film : « Le père John Geoghan est jeune, énergique et toujours souriant. Appelé “Père Jack” par ses paroissiens, il baptise leurs enfants et célèbre leurs mariages. Mais il cache un horrible secret. Depuis 30 ans, il viole des enfants.

Il va frapper et abuser sexuellement plus de 140 enfants en leur disant de garder le secret. Des rumeurs vont alors courir à son sujet, le diocèse de Boston va simplement l’assigner à une nouvelle paroisse et l’envoyer se faire soigner psychologiquement. Mais les abus ne vont pas cesser et la plus haute autorité de l’église catholique américaine, le cardinal Bernard Law, va tout de même le couvrir.

Ce film retrace l’histoire du scandale qui va faire vaciller les fondements de l’église catholique et remettre en question la foi de beaucoup de croyants. »

Film disponible au téléchargement sur Crimes & Investigation Network

L’existence du document vatican, incriminé dans le documentaire de la BBC, fut révélée une première fois, en 2003, aux États-Unis. Des avocats américains représentant des victimes présumées d’actes pédocriminels commis par des prêtres l’avaient alors utilisé dans des procédures judiciaires intentées contre des diocèses américains.

Le scandale, portant sur le transfert d’une paroisse à l’autre de prêtres coupables d’agressions sexuelles sur des mineurs et l’absence de sanctions contre eux, était centré sur la ville de Boston. L’affaire avait entraîné la démission de l’archevêque de Boston, le cardinal Bernard Law, en décembre 2002.

Ces révélations permettent de savoir que, selon des experts américains, 1500 prêtres sur 140 000 officiant aux États-Unis, auraient commis des agressions sexuelles lors des 40 dernières années. Il s’ensuit le dévoilement de nombreuses affaires : ainsi, jeté en pâture aux journalistes, un jésuite est accusé d’avoir abusé sexuellement pendant les années 70 de trois lycéens à Boston... L’archevêché de Boston, harcelé, suspend 18 prêtres durant l’année 2002... Manifestement la hiérarchie catholique est étranglée par la multiplication des scandales mais elle parviendra très vite à estomper les effets des scandales à répétition... à coup de millions de dollars.

86 des 140 victimes de John Geoghan, se partageront près de 10 millions de dollars de dommages et intérêts en procédure civile.

Plus tard, outre 9,3 millions de dollars destinées aux personnes ayant subi des abus sexuels, l’Église devra verser 540 000 dollars pour 20 victimes ayant déclaré avoir été traumatisées par le prêtre, mais pas physiquement abusées, et 160 000 dollars à 16 parents de victimes.

Source : Le réseau VoxDei du 20 septembre 2002

http://www.voxdei.org/afficher_info.php?id=4212.88

Malgré cela on apprend que de 1997 à 2002, 10 millions de dollars ont été dépensés par l’archidiocèse de Boston pour acheter le silence des victimes des prêtres pédocriminels qui agirent dans le cadre de leurs fonctions pendant plusieurs décennies, jusqu’en 1998. L’affaire serait restée secrète si elle n’avait été révélée par le journal Boston Globe.

En 1992 déjà, l’Église catholique américaine avait été secouée par un fait semblable : plus de 100 victimes d’un prêtre obsédé sexuel notoire, James Porter, du diocèse de Fall River, Sud-Est du Massachussets, avaient apporté des preuves que ce pervers avait été transféré de paroisse en paroisse afin de le mettre à l’abri des parents des enfants abusés, alors que son obsession et ses abus sur les enfants étaient connus de sa hiérarchie.

Dans la même année éclate à Boston une autre affaire

« Le cardinal américain Bernard Law, 71 ans, au cœur de la tourmente provoquée par les scandales de pédophilie, a annoncé avoir déjà secrètement rencontré le Pape à ce sujet et obtenu de rester en fonctions. "Au cours des derniers jours, je me suis rendu à Rome pour chercher conseils et avis (...) Le Saint Père a accepté de me rencontrer (...) et je reviens dans mon pays encouragé dans mes efforts visant à faire en sorte qu’aucun enfant ne soit jamais plus abusé par un prêtre dans mon diocèse", a annoncé mercredi le prélat, responsable de l’archevêché de Boston (...).

Le prélat a couvert pendant près de 30 ans un prêtre pédophile récidiviste, le père Paul Shanley, 70 ans, accusé d’agressions sexuelles sur au moins 26 enfants. Mgr Law, l’un des responsables les plus en vue de l’église catholique américaine, est considéré comme un proche de Jean Paul II. » (Boston Globe)

Soutenu, dans un premier temps, par le Pape, Mgr Bernard Law, refuse en août 2002 d’honorer un accord de dédommagement conclu, en mars, avec les victimes, portant sur 30 millions de dollars. Il l’avait qualifié de non-contraignant. Maître Garabedian, avocat des victimes, a déclaré que ses clients avaient finalement décidé d’accepter une indemnisation moins importante « parce qu’ils voulaient mettre un terme » à l’affaire.

Mais d’autres révélations éclatent et c’en est trop pour les victimes et les médias qui réagissent en apprenant que le prélat a couvert pendant des années des centaines, voire des milliers de prêtres accusés d’actes à caractère pédocriminel.

Le 13 décembre 2002, le plus haut dignitaire catholique américain, le cardinal Law, archevêque de Boston (Massachusetts) est contraint à la démission, immédiatement acceptée par le Pape Jean-Paul II.

Plus tard, son successeur déclarera prier pour la « guérison de l’Église »... « Et les victimes ? » peut-on se dire.

Cet acte de contrition publique fait partie de la stratégie de couverture des crimes sexuels commis par des prêtres et de protection de l’Église en général. Elle s’inscrit dans une procédure théorisée et définie par le Crimen Sollicitationis. On devine qu’il s’agit d’endormir la vigilance des médias tout en laissant croire que l’Église, consciente du problème grave posé par ces crimes, le prend désormais en charge et consent ainsi à prendre des mesures appropriées.

Qui pourrait être dupe quand on sait que le document Crimen Sollicitationis date de 1962, preuve que l’Église était consciente du problème dès cette époque et qu’il s’agissait pour elle d’anticiper sur les critiques et les accusations en imposant à ses prélats des procédures rigoureuses et rusées pour faire face aux scandales qui ne manqueraient pas de survenir. L’actualité démontre que le document est toujours en vigueur, pour preuve l’affaire récente du prêtre Joël Allaz, en Suisse.

La stratégie éprouvée durant presque un demi-siècle s’établit en trois étapes :

Dans un premier temps, face à des signalements d’abus sexuels, étouffer toute velléité de déclaration publique par les victimes en les achetant et en les soumettant éventuellement par chantage (excommunication) ;

Instruire l’affaire et muter le coupable de sollicitations, éventuellement le soustraire au regard des médias - c’est ce qui est en cours avec l’affaire du père Joël Allaz en Suisse ;

Si l’affaire éclate au grand jour, faire face sans jamais céder sur le fond, se couler dans ce qu’impose la vox populi ;

Ne pas hésiter à faire des déclarations de contritions publiques et volontairement déclarer que, désormais la hiérarchie religieuse prendra des mesures draconiennes. Et cela n’empêche pas de revenir en arrière si la justice locale offre des failles exploitables - c’est ce que fit l’archevêque de Boston en revenant sur les engagements financiers négociés de gré à gré avec les victimes, ce qui déchaîna les médias qui dévoilèrent alors d’autres affaires.

Si l’affaire va plus loin, faire face mais ne jamais céder sur le fond - voir plus loin, en France, l’affaire qui impliqua gravement Mgr Jacques Gaillot, évêque d’Evreux.

Cette stratégie est bien analysée par Garry Wills, L’Église catholique et la pédophilie, (essai traduit de l’anglais par Paul Rozenberg, collection « Vu d’Amérique », Éditions Les empêcheurs de penser en rond, Paris, 2003)

Il affirme : « Dans le cas des abus commis par des prêtres aux États-Unis, la hiérarchie n’est passée aux aveux ou aux regrets qu’après y avoir été contrainte par la loi. » L’auteur précise que « les parents se seraient contentés d’excuses et d’une promesse que le prêtre prédateur serait maintenu à l’écart des enfants et si certains ont entamé des poursuites, c’est parce qu’ils ont constaté “qu’on leur avait servi des excuses minables ou véreuses et que l’engagement à tenir les prêtres en question loin des enfants n’était pas tenu.” Jusqu’en 2002, il était pratique courante pour un évêque de muter un prêtre dans une nouvelle paroisse sans informer les fidèles des errements passés du nouveau curé. »

En Europe et en France
Ces affaires agissent très lentement comme révélateur en Europe. Elles incitent progressivement les victimes à sortir du silence, permettent une meilleure appréhension de l’étendue du problème, et conduisent la hiérarchie de l’Eglise à anticiper en déclarant adopter des positions fermes sur le sujet. Mais la justice et les pouvoirs publics n’auront pas d’autre attitude que celle du suivisme.

Cette stratégie de l’anticipation de l’Église conduit les évêques français à rédiger, en novembre 2000, une déclaration dans laquelle ils s’engagent à collaborer activement à la lutte contre la pédophilie. Cette déclaration a été suivie de la mise en place d’un Comité consultatif en matière d’abus sexuels sur mineurs. Sa mission : répondre aux questions des évêques, émettre des recommandations, attirer l’attention sur les différents aspects de la lutte contre la pédophilie et notamment les attitudes à adopter envers les enfants, les familles et les communautés chrétiennes, la formation initiale des différents acteurs de la pastorale et le contrôle de leurs activités, le suivi et l’avenir des personnes condamnées. Une brochure a par ailleurs été rédigée à destination de tous ceux qui ont une responsabilité éducative dans les mouvements, les services, les aumôneries, les paroisses et l’enseignement.

En septembre 2001, la condamnation de l’évêque de Bayeux et de Lisieux, Mgr Pierre Pican, à 3 mois de prison avec sursis pour non-dénonciation aux autorités des actes pédophiles commis par un prêtre de son diocèse, est une première en Europe. Elle tombe très rapidement dans l’oubli.

En 2005, un procès révèle des mécanismes écœurants dans l’instruction d’une affaire de pédocriminalité impliquant un prêtre d’origine canadienne Vadeboncoeur.

Durant l’instruction, les fidèles sont restés silencieux, de nombreux dossiers ont disparu à l’évêché d’Evreux. Ce qu’a rappelé l’avocat général avant de s’interroger sur le rôle joué par Mgr Jacques Gaillot, alors évêque d’Evreux. Celui-ci avait reçu à deux reprises des lettres - de victimes canadiennes - expliquant le passé judiciaire de Vadeboncoeur (en effet, en 1985, l’église canadienne l’avait démis de son ministère après qu’il fut condamné déjà à vingt mois d’emprisonnement pour « grossière indécence, sodomie et agressions sexuelles sur des adolescents »).

Ce qui ne convaincra pas Mgr Gaillot de ne pas lui confier de paroisse... « Il y a ceux qui n’ont rien vu, rien entendu et ceux qui jouent sur les mots. Bravo à celui qui sait et qui ne dit rien car il n’a pas de preuve. Mais surtout, mes félicitations à celui qui a pris le cœur léger le risque de livrer en pâture vos enfants à Denis Vadeboncoeur avec la bénédiction de Dieu », a plaidé l’avocate de la victime. Appelé à la barre, Mgr Gaillot témoigne : « J’ai accepté qu’il soit nommé curé de Lieurey, je le regrette. »

Au cours du procès, le représentant de l’Église, Mgr David, successeur de Mgr Gaillot, feignant d’ignorer où il se trouvait, une Cour de la République laïque, une et indivisible, affirmera devant le tribunal, qu’« il parle devant Dieu ». Ce qui obligera la présidente du tribunal à répliquer aussitôt sur un ton très ferme : « Ici, vous êtes devant une Cour d’Assises. Je vous demande de retirer cela. »

Dans le même axe, Mgr Gaillot affirmera plus tard qu’il n’a pas voulu « barrer la route » à ce prêtre pour lequel il éprouvait « une sorte de solidarité ».

Mercredi 21 septembre 2005, en France, le prêtre a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans.

Une stratégie calculée
Cette manière de tenir tête avec aplomb et arrogance à l’ordre de la république ne découle pas d’une quelconque maladresse de ces prélats rompus aux exercices de la rhétorique. Elle vise plusieurs cibles. D’abord les fidèles pour signifier que l’ordre du Pape est transcendant et infaillible, aux laïcs pour leur rappeler que, jamais, l’Église n’abandonne ses brebis.

En Allemagne
En mars 2002, un diacre allemand, qui avait été reconnu coupable d’abus sexuels sur 45 adolescents âgés de 13 à 16 ans, était emprisonné sur décision du Parquet de Hanovre (nord). Juillet 2002 on apprenait la suspension d’un prêtre exerçant au diocèse de Mayence (ouest), suite à la plainte d’un adolescent de 14 ans. Devant la multiplication des accusations portées contre des prêtres pédophiles, l’Église catholique allemande décide de prendre des mesures. Dans un communiqué publié le 14 juillet 2002 et qui fait suite à un long article de l’hebdomadaire Der Spiegel, paraissant le lendemain sous le titre Pédophiles sous la robe de prêtre - Etouffer et muter, le cardinal-archevêque de Mayence, Karl Lehmann, indique que la conférence des évêques adoptera en septembre un texte sur la pédophilie au sein de l’Eglise catholique.

Le plus haut dignitaire religieux catholique allemand se déclare « très préoccupé » par les cas révélés par Der Spiegel. « Nous allons vérifier rapidement et intensivement les faits évoqués dans cet article et, éventuellement, nous ne reculerons pas devant les nécessaires conséquences. Plus particulièrement me touchent les souffrances endurées par les victimes », ajoute-t-il. « Par ailleurs nous devons nous demander, avec un esprit auto-critique, si nous ne devons pas agir dans ce domaine de manière encore plus décidée », déclare encore le cardinal, qui souligne être « à l’unisson avec les demandes du Pape Jean Paul II et la réglementation mise au point par la conférence des évêques américains ». Les observateurs remarqueront que, pas un instant, le prélat ne déclarera faire appel à la justice de son pays car l’Église accepte les lois locales et s’y soumet.

Sources :

LCI.fr Du 15/07/2002

Épilogue
Le Vatican était informé, dès 1962, de pratiques pédocriminelles perpétrées en son sein par des prêtres et des officiers du culte. Elle prit alors des mesures de préservation sur lesquelles il convient de s’arrêter car elles sont révélatrices d’attitudes et de mentalités que nous devons dénoncer.

D’abord, préserver le secret, décrédibiliser les victimes en exerçant sur elles un chantage, y compris par les parents eux-mêmes. Dans son livre L’Église catholique et la pédophilie, Garry Wills donne le témoignage d’enfants battus et sermonnés par leurs parents pour avoir dénoncé les sévices d’un prêtre.

Ne jamais consentir, que par la force, à reconnaître une responsabilité quelconque et encore ne le faire que du bout des lèvres. Telle est la seconde attitude commune de l’Église.

L’anthropologue ou le clinicien qui accueillent des victimes de pédocriminels « domestiques » - ceux qui exercent leurs sévices dans la vie domestique et durant des temps parfois très longs - n’ignorent pas que cette stratégie est identique à celle du prédateur lui-même. J’ai donné un descriptif du mode opératoire de ces bourreaux dans mon étude Inceste, pédocriminalité, crimes contre l’humanité, éd. Lierre & Coudrier, Toulouse 2006.

En dévoilant des stratégies identiques à celle du prédateur, la hiérarchie romaine dévoile depuis un demi-siècle sa complicité effective dans tous les cas où elle procède comme elle le fait encore dans l’affaire révélée le 10 janvier 2008 par La Tribune de Lyon. Elle révèle, dans la durée, sa ténacité, son arrogance et, surtout, sa détermination à se placer au-dessus de la loi des hommes en oubliant les fondamentaux du christianisme : protéger les faibles des puissants. Le prédateur use toujours de sa puissance, voire de sa notoriété pour fonder et assujettir sa domination et son contrôle sur sa victime. Les bourreaux, après enquête sont souvent décrits comme des personnes très dévouées, toujours prêtes à rendre service à leur communauté. Ajoutons que la capacité de séduction, voire d’envoûtement - procès de Denis Vadeboncoeur - qui leur permettent d’approcher facilement leurs victimes fait partie des stratagèmes du prédateur pédocriminel.

Dans un docudrame canadien, Les Garçons de Saint-Vincent, 1993, le réalisateur John Smith relate les sévices sexuels subis, durant plusieurs années, par Kevin, un jeune pensionnaire de l’orphelinat Saint-Vincent, de la part du frère directeur de l’établissement, dont il est le « préféré ». Comme Kevin, d’autres élèves sont soumis au même régime de domination. Mais comment se protéger ou se révolter contre de tels abus, quand, au terrorisme de leur bourreau, vient s’ajouter la conspiration du silence de la part des autorités tant ecclésiastiques que politiques ? Telle était la question posée par le réalisateur.

Ce film fut présenté comme une fiction inspirée en partie d’événements qui se seraient produits à Terre-Neuve et ailleurs au Canada. Il souleva l’indignation de la hiérarchie romaine et des édiles proches mais il permit au Canada de prendre conscience du réel problème que la pédocriminalité domestique pouvait présenter.

L’Europe n’a pas, semble-t-il, pris conscience de l’ampleur des dégâts causés pas ces pratiques et quand il s’agit de les dénoncer, il faut élargir la vigilance à tous les milieux où des enfants sont soumis à une règle ou une discipline imposées par des adultes. L’Éducation Nationale est concernée en premier lieu et on sait combien il est difficile de poser un signalement d’actes pédocriminels contre des professeurs ou des instituteurs. Nombre de parents sont demeurés impuissants face au silence du rectorat ou du ministère lui-même, apprenant parfois longtemps après que le prédateur avait été muté dans un autre établissement.

Voir notre article sur Sauver l’enfance en danger « Appel à témoins »

Face à l’omerta généralisée, y compris celle des médias, il faut surtout informer les victimes, les soutenir, les rassurer et, chaque fois que possible, permettre aux familles de bénéficier d’un soutien collectif. Assurer un suivi judicaire et psychologique s’impose également, mais dans la discrétion.

Rompre le silence, s’appuyer sur des réseaux de soutien, c’est, dans un premier temps, la voie qui permettra à d’autres victimes demeurées silencieuses, de rompre le mur du silence. C’est, de la part des défenseurs des enfants, la nécessité d’accumuler des témoignages pour, le temps venu, les porter à la connaissance du public. La dénonciation au cas par cas court, chaque fois, le risque de noyade sous les cascades d’une actualité dominée par le sensationnel. Or les victimes ne peuvent pas être ainsi instrumentalisées comme ce fut le cas pour un fait récent en France (le petit Emi - affaire Evrard). Il y a là une indécence que le défenseur de l’enfance ne peut soutenir.

La victime a besoin d’être écoutée, comprise, soutenue et reconnue par la collectivité, devenir la vedette provisoire d’une actualité qui la couvrira de compassion durant un court instant est une indignité qui ne peut que la blesser d’avantage. L’instrumentalisation c’est cela, rendre l’autre objet.

(original) http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/vatican-et-pedophilie-on-s-34374

Pédophilie: Benoît XVI est-il coupable?


RELIGION - La responsabilité du pape est mise en cause dans plusieurs cas de pédophilie qu'il est suspecté d'avoir «couverts»...

«Il y en a qui ont cherché avec un certain acharnement des éléments pour impliquer personnellement le Saint Père dans les questions des abus sexuels, mais il est clair que ces efforts ont échoué» Federico Lombardi, le porte-parole du Vatican, a défendu avec vigueur les suspicions qui s'accumulent contre Benoît XVI ces derniers jours.

Une vague révélations depuis le début des années 2000

Le futur pape a-t-il été trop indulgent lorsqu'il a eu connaissance de cas pédophiles au sein de l'Eglise? Celui-ci a accepté cette semaine la démission de John Magee, évêque de Cloyne en Irlande, accusé justement de passivité face aux nombreuses affaires d'abus sexuels dans son diocèse. Mais Benoît XVI ne se place dans le même schéma de culpabilité.

«C'est lui-même qui a serré les vis en 2001 en insistant pour que tous les cas d'abus sexuels soient remontés à Rome, même les moins graves», assure à 20 minutes.fr Guillaume de Prémare, consultant en communication et animateur du blog «Médias & Evangiles». Et depuis, la vague des révélations n'en finit plus de déferler, de l'Irlande à l'Australie, en passant par les Etats-Unis et la France.

«Le moment le plus difficile du pontificat de Benoît XVI»

«C'est l'effet boule de neige, les victimes n'ont plus honte de parler», estime le vaticaniste Bruno Bartoloni. «Plus l'Eglise mise sur la transparence, plus les vannes sont ouvertes et sortent au grand jour des cas enfouis dans les catacombes de l'oubli», ajoute Pierluigi Battista dans le Corriere della Serra, qui estime que «l'Eglise de Rome est peut-être en train de vivre le moment le plus difficile du pontificat de Benoît XVI».

Malgré les remous, le pape «s'en tire dignement», estime Guillaume de Prémare. Face aux «calomnies», il ne se «crispe» pas et surtout, «il n'endosse pas l'habit de victime». Le consultant prend pour preuve la lettre pastorale aux Catholiques d'Irlande dans laquelle le pape reconnaît la responsabilité de l'Eglise tout en essayant de restaurer la confiance de ses fidèles.

«La justice de l'Eglise ne se substitue pas à la justice civile»

Face aux accusations directes portées contre le pape, Guillaume de Prémare tient également à rappeler que «la justice de l'Eglise ne se substitue pas non plus à la justice civile». En effet, l'Eglise ne peut rendre que des jugements de conscience, la peine maximale étant l'excommunication, soit la fin de l'exercice de ses fonctions pour un prêtre par exemple.

Une justice seulement spirituelle donc, qui a pour but «que le coupable s'amende afin que son âme soit sauvée», explique Guillaume de Prémare. De plus, «il ne faut pas surestimer ce qu'est le gouvernement de l'Eglise de Rome», ajoute-t-il. «Le Vatican ne possède ni enquêteurs, ni prison».

Le pape Jean-Paul II au courant?

Au contraire, pour Giancarlo Zizola, de la Repubblica, c'est «le fonctionnement structurel de l'Eglise» qui a laissé s'instaurer un système où «l'auto-défense de l'institution, la culture du secret et de la négation ont fini par prévaloir sur les valeurs de justice, transparence et droits humains des innocents».

Et selon lui, «l'opération vérité» ne doit pas s'arrêter là. Car lorsque Joseph Ratzinger traitait les cas d'abus sexuels en tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, de 1981 à 2005, il en référait à son supérieur: le pape Jean-Paul II, dont le processus de béatification est en cours.

C.C. avec agence

(original) http://www.20minutes.fr/article/393854/Monde-Pedophilie-Benoit-XVI-est-il-coupable.php

«Le remord» et «la honte» de Benoit XVI: insuffisant pour les victimes


RELIGION - Le pape s'exprimait samedi après le scandale de pédophilie au sein de l'église catholique irlandaise...

Le pape Benoît XVI a exprimé la «honte» et le «remords» de toute l'Eglise face au scandale de pédophilie dans le clergé irlandais, annonçant des initiatives en faveur «d'une guérison et d'un renouveau», dans sa lettre aux catholiques d'Irlande publiée samedi.

Le pape s'est dit «vraiment désolé» face aux souffrances des victimes d'abus commis par des prêtres et s'est dit «disposé» à les rencontrer, en rappelant l'avoir fait à plusieurs reprises par le passé, notamment aux Etats-Unis en 2008.

Dans cette lettre destinée à être lue dimanche dans toutes les paroisses irlandaises, Benoît XVI a affirmé que les hommes d'Eglise coupables d'actes pédophiles devront en «répondre» non seulement «devant Dieu» mais aussi devant la justice ordinaire.

Parmi les mesures annoncées par le pape dans sa lettre figure l'annonce d'une «visite apostolique», c'est-à-dire une enquête «dans plusieurs diocèses d'Irlande», ainsi que dans «des séminaires et congrégations religieuses». La visite devra aider l'église locale «dans son chemin de renouveau».

Le pape a également dénoncé «les graves erreurs de jugement» commises par l'épiscopat irlandais, accusé d'avoir couvert des centaines de cas de pédophilie commis sur plusieurs décennies par des religieux.

Des «remords» qui ne suffisent pas. Le pape est est «loin» d'avoir satisfait à toutes les attentes et laisse des questions sans réponses, ont estimé samedi des groupes de victimes. «Les victimes espéraient une reconnaissance de la manière outrageante dont elles ont été traitée», a ainsi déclaré la directrice générale du groupe One in Four, Maeve Lewis. L'absence d'excuse à cet égard est douloureux à l'extrême.»

(original) http://www.20minutes.fr/article/392102/Monde-Le-remord-et-la-honte-de-Benoit-XVI-insuffisant-pour-les-victimes.php

Benoît XVI de nouveau accusé de laxisme vis-à-vis d'un prêtre pédophile


PEDOPHILIE - Il aurait traîné des pieds pour défroquer un prêtre californien, soucieux du «bien de l'Eglise universelle»...

Bis repetita. Le pape Benoît XVI est encore et toujours au coeur de la polémique. Cette fois, c'est la révélation de ses réticences à défroquer un prêtre californien accusé de pédophilie dans les années 80 qui fait des remous.

L'affaire a été révélée vendredi par l'avocat Jeff Anderson, via des lettres échangées entre le Vatican et le diocèse californien d'Oakland. Ces lettres décrivent les «libertés sexuelles» prises en 1978 par le père Stephen Kiesle avec «six adolescents âgés de 11 à 13 ans», des faits reconnus par l'intéressé devant la justice, selon l'avocat, qui défendait plusieurs des victimes.

Près de 10 ans d'attente

A sa propre demande, le père Kiesle avait demandé à être défroqué, une requête relayée auprès du Vatican par l'évêque d'Oakland John Cummins en 1981. Le Vatican répondit à l'évêque qu'il souhaitait obtenir des informations supplémentaires sur l'affaire.

Elles furent envoyées par John Cummins en février 1982 au cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, alors à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Il écrivait dans son courrier qu'il avait la «conviction» que défroquer le père Kiesle «ne ferait pas scandale», ajoutant: «Ce serait un scandale plus grand pour la communauté si le père Kiesle retrouvait son ministère».

Malgré les demandes répétées du diocèse d'Oakland, il faudra attendre le 6 novembre 1985 pour que Joseph Ratzinger réponde à John Cummings.Dans cette réponse, rédigée en latin, le cardinal reconnaît la «gravité» de la situation mais se montre réticent à prendre une décision immédiate, soucieux des effets qu'elle pourrait avoir sur «le bien de l'Eglise Universelle». Pour le futur pape, l'affaire doit faire l'objet «d'une attention particulière, qui nécessite beaucoup de temps».

L'affaire étouffée par le Vatican?

A la lecture de cette lettre, le père George Mockel, du diocèse d'Oakland, avait estimé que le Vatican «allait s'asseoir sur l'affaire jusqu'à ce que Steve (Kiesle) devienne un peu plus âgé. Je pense que c'est regrettable». Le père Kiesle fut finalement défroqué en 1987. Selon Jeff Anderson, un an plus tard, il travailla pendant huit mois comme coordinateur des activités pour les jeunes dans la paroisse californienne de Pinole.

Un porte-parole du Vatican, Ciro Benedettini, a assuré vendredi à l'agence Ansa que «l'alors cardinal Joseph Ratzinger n'a pas couvert le cas, comme il est clairement compréhensible en lisant la lettre, mais il a fait état de la nécessité d'étudier le cas avec une attention majeure, en ayant présent à l'esprit le bien de toutes les personnes impliquées». Jeff Anderson affirme pour sa part que les documents montrent de façon «incontestable que le cardinal Ratzinger et le Vatican ont étouffé et continuellement nié» les affaires de pédophilie au sein de l'Eglise.

(original) http://www.20minutes.fr/article/396938/Monde-Benoit-XVI-de-nouveau-accuse-de-laxisme-vis-a-vis-d-un-pretre-pedophile.php

Malte: des victimes présumées d'abus pédophiles demandent des excuses du pape


SCANDALES - Benoît XVI n'a pas encore confirmé la rencontre...

Benoît XVI pourrait s’excuser auprès de victimes présumées d’abus pédophiles. Le voyage du pape sur la très catholique île de Malte pourrait constituer une occasion de rencontrer un groupe de onze victimes présumés d’abus pédophiles commis par les prêtres d'un orphelinat maltais dans les années 1980. Le groupe a demandé de le voir pour qu’il présente «ses excuses en personne» et pour réussir à «dépasser ce traumatisme», a expliqué Lawrence Grech, 37 ans, le seul à avoir divulgué son identité.

Lawrence Grech et six autres Maltais ont rencontré mardi soir l'archevêque de Malte Mgr Paul Cremona qui a écouté «attentivement» leurs récits lors d'une entrevue «emplie d'émotion» et a proposé de les revoir, selon leur porte-parole Lou Bondi. A cette occasion, ces victimes présumées lui ont remis une requête écrite pour rencontrer Benoît XVI.

Une première

Si le pape accepte de les recevoir, ce sera la première rencontre avec des victimes de prêtres pédophiles depuis des entrevues analogues en 2008 en Australie et aux Etats-Unis. Jusqu'à présent le Vatican n'a ni confirmé ni infirmé la tenue d'une entrevue. Son porte-parole le père Federico Lombardi a souligné que le programme de Benoît XVI sera «très serré» mais que le pape est «toujours» disposé à rencontrer des victimes de ce qu'il a qualifié de «crimes abominables».

Selon des révélations récentes, 45 affaires de pédophilie sont venues à la connaissance de la curie de Malte depuis 1999, dont plus de la moitié (26) ont été jugées fondées par une commission spéciale mise en place.

Une autre victime d'abus dans le même orphelinat, Gaetano Scerri, vient de sortir de prison après y avoir purgé 20 ans pour le meurtre d'un homme qui lui avait fait des avances en le croyant homosexuel. Scerri et un complice l'avaient découpé en morceaux jetés à la mer et disséminés à Malte. Celui qui dit être devenu «un monstre homophobe» à cause de multiples «abus, viols, coups et privations» infligés par les prêtres de l'orphelinat réclame que ceux-ci «soient jugés et condamnés sans pitié».

(original) http://www.20minutes.fr/article/398144/Monde-Malte-des-victimes-presumees-d-abus-pedophiles-demandent-des-excuses-du-pape.php

Pédophilie: Ces scandales dont Benoît XVI n'a pas pu ignorer l'existence


RELIGION - Les cas Hullermann et Murphy ont été portés à sa connaissance, sans conséquences...

Alors que Benoît XVI a exprimé samedi dernier la «honte» et le «remord» de toute l'Eglise face au scandale de pédophilie dans le clergé irlandais, le pape a été lui-même éclaboussé par des affaires ayant eu lieu en Allemagne et en Etats-Unis et dans lesquelles son silence est jugé coupable.

Le cas Hullermann
En 1980, le père Peter Hullermann est transféré dans le diocèse du cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, pour suivre une thérapie, après avoir fait l'objet de graves accusations de pédophilie à Essen. Mais le vicaire-général de l'époque, Gerhard Gruber, est venu à la rescousse du pape en indiquant assumer «l'entière responsabilité» de la réaffectation de Peter Hullermann en 1980 à des fonctions spirituelles (donc au possible contact des enfants).

Peter Hullerman a finalement été suspendu le 15 mars dernier de ses fonctions par l'archevêché de Munich pour avoir enfreint une interdiction de s'occuper de jeunes datant de 1986. Il était en effet sous le coup d'une condamnation depuis cette date pour sévices sexuels sur mineurs.

Malgré cela, le prêtre avait continué d'exercer des fonctions d'aumônier. Mais de nouvelles accusations du même type, datant de 1998, ont été révélées dans la foulée de sa suspension et transmises à la justice par l'archevêché de Munich.

Par ailleurs, le psychiatre de Peter Hullermann a également fait le choix de briser le secret médical en affirmant vendredi dernier que l'Eglise avait ignoré ses mises en garde pendant des années.

Le cas Murphy
Prêtre de l'archidiocèse de Milwaukee (Wisconsin), enseignant dans une école pour les sourds, le père Lawrence C. Murphy aurait abusé sexuellement de plus de 200 enfants malentendants de 1950 à 1974.

Malgré de nombreuses plaintes et une enquête classé sans suites, ce n'est qu'en 1993 que l'archevêque de Milwaukee, Robert G. Weakland, engage «un travailleur social spécialisé dans les affaires de ce genre pour évaluer la conduite» du père Murphy, rapporte le New York Times qui a révélé l'affaire jeudi.

Le prêtre reconnaît alors les actes, tout en n'éprouvant aucun remord. Trois ans plus tard, l'archevêque de Milwaukee tente alors d'avertir le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, chargé d'instruire ce genre d'affaires, afin d'envisager des sanctions contre le père Murphy.

Le futur pape Benoît XVI ne répond pas à la première lettre. Un an plus tard, l'archevêque Weakland renvoie un courrier, au bureau du Vatican cette fois, présageant qu'un «véritable scandale éclaterait certainement».

Sauf que le père Murphy écrit à son tour au Vatican, demandant la clémence de l'Eglise. Il «était vieux, en mauvaise santé, vivait en réclusion et il n'y avait eu aucune information sur d'éventuels abus au cours des vingt dernières années», selon le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. Le père Murphy meurt en 1998, sans avoir jamais été sanctionné.

(original) http://www.20minutes.fr/article/393842/Monde-Pedophilie-Ces-scandales-dont-Benoit-XVI-n-a-pas-pu-ignorer-l-existence.php

Agressions sexuelles: le pape Benoît XVI serait intervenu dès 1988


Associated Press
Cité du Vatican

Le Vatican a dévoilé jeudi une lettre qui démontrerait que l'actuel pape, Benoît XVI, a cherché dès 1988 une méthode plus rapide pour remplacer les prêtres accusés d'agressions sexuelles contre des enfants, mais que ses efforts se sont butés à un mur.

Une lettre écrite en 1988 par celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger a été publiée jeudi par le quotidien du Vatican. Dans cette missive, le cardinal Ratzinger déplore que la loi canonique rende excessivement difficile le remplacement des agresseurs s'ils ne demandent pas à être laïcisés volontairement.

Il demande également une méthode plus rapide et plus simple que les lourds procès canoniques pour punir les prêtres qui se sont rendus coupables de comportements graves et scandaleux. Sa demande a été rejetée, sous prétexte que cela porterait atteinte au droit des prêtres à se défendre.

Le Vatican cherche depuis longtemps à démontrer que le pape a fait plus que quiconque au Vatican pour punir les prêtres pédophiles. Il cite habituellement sa décision, en 2001, de transférer tous les cas d'agressions à son ancien bureau, la Congrégation pour la doctrine de la foi.

La lettre du 19 février 1988 démontre toutefois qu'il a cherché à apporter des changements au système beaucoup plus tôt.

Quand le scandale des agressions sexuelles a éclaté plus tôt cette année, plusieurs ont reproché à Benoît XVI - alors qu'il était préfet de la congrégation - d'avoir fréquemment fait la sourde oreille aux évêques qui demandaient le renvoi de prêtres problématiques. À cette époque, le cardinal Ratzinger appliquait des règles mises en place par son prédécesseur, Jean Paul II, et qui laissaient aux évêques le soin de punir ces prêtres.

Jean Paul II avait aussi resserré les règles qui encadraient le retrait de la prêtrise pour tenter de freiner l'exode de prêtres qui, dans les années 1970, ont quitté pour se marier.

(original)http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/eglise-catholique-et-abus-sexuels/201012/02/01-4348567-agressions-sexuelles-le-pape-benoit-xvi-serait-intervenu-des-1988.php

Est-ce la fin de l'Église catholique au Québec?


Quelle métaphore que cette façade exsangue du Patro Saint-Vincent de Paul ornant la couverture du livre Modernité et religion au Québec. Où en sommes-nous? (dirigé par Robert Mager et Serge Cantin), qui vient de paraître aux Presses de l'Université Laval. Après plus de 20 ans de batailles entre les ministres de la Culture, l'Hôtel de Ville de Québec et les promoteurs, la ruine est finalement tombée sous le pic des démolisseurs, le 20 février.

«C'est comme l'Église catholique», raillait un quidam, dans un reportage, avant la démolition. Il ne restait que la façade, laquelle, sous certains angles, semblait avoir fière allure. La crise autour des prêtres pédophiles, qui secoue l'Église, l'institution, actuellement, agira-t-elle comme cette boule de démolition montée sur une grue, qui terrassa la façade? Plusieurs le croient. Certains le souhaitent. D'autres en doutent.

Car des crises, l'Église en a connu d'autres, il faut dire, en 2000 ans. Et des graves, répondent les experts: Révolution française, conquête anglaise de 1763, Révolution tranquille... Même que la «disparition du catholicisme» est devenue un grand classique de la sociologie des religions. Un thème qui semble réapparaître, chaque décennie, un peu comme un «mal de dents», lance à la blague E. Martin Meunier, sociologue à l'Université d'Ottawa, à l'autre bout du fil.

Malgré tout, cette crise-là apparaît plus grave que jamais. Elle est «capitale» puisqu'elle bouleverse jusqu'à la tête de l'Église elle-même. «C'est très dur», admet Jean Fortier, vicaire général du diocèse de Montréal. «Disons que ce n'est pas de la bonne publicité. Je pense qu'il y a une attente plus grande envers les agissements de l'Église, des prêtres, parce qu'on prêche des valeurs d'amour. La contradiction est plus grande et ça choque les gens. Et je pense qu'ils ont raison, l'Église a une plus grande responsabilité.»

«Catholiques malgré nous»

De nombreuses statistiques montrent depuis longtemps le déclin de l'Église catholique. Entre 1957 et 2000, le taux de fidèles allant à la messe le dimanche est tombé de 88 % à 20 %. Chez les jeunes, le phénomène est plus accentué encore: parmi les 18 à 34 ans, en 2000, il y avait 5 % de pratiquants seulement. Pratiquement dans tous les diocèses, l'âge moyen des prêtres dépasse les 70 ans. Dans l'archidiocèse de Québec, de 1997 à 2010, le nombre de curés et d'équipes pastorales est passé de 166 à 73.

De 1970 à 2001, l'Église québécoise trouvait dans les statistiques du recensement un certain réconfort. La proportion de Québécois se disant catholiques demeurait stable. C'est ce qu'explore E.-Martin Meunier, Jean-François Laniel et Jean-Christophe Demers dans une grande étude de quelque 50 pages publiée dans Modernité et religion au Québec. Même chose pour les baptêmes, dont les taux ne s'effondrèrent pas. Dans ces trois décennies, il y a une sorte «de permanence d'un catholicisme culturel», dit Martin Meunier. On se sent catholique parfois par inertie, souvent par lien avec les générations passées. C'est un marqueur de l'identité.

C'est le sociologue Raymond Lemieux, rappelle Meunier, qui développa la théorie du «catholicisme culturel» québécois, en 1990. À l'époque, il n'était pas surpris de constater une certaine permanence des «rites intégrateurs». Nous avons été, comme l'a déjà écrit le collègue Guillaume Bourgault-Côté, «catholiques malgré nous». Ou, pour le dire comme la revue l'Inconvénient (dans son numéro de novembre 2007), «chrétiens malgré nous».

Parfois, ce n'est pas «malgré». Il y a quelques rares cas recensés de catholiques «culturels» intellectuels. Le cinéaste Bernard Émond, qui se définit comme un «athée de culture catholique». L'écrivain et collaborateur du Devoir Jean Larose s'est déjà qualifié de «mécréant attaché au catholicisme» et «qui en pratique les textes». Bref, «un non-croyant pratiquant».

Nouvelle rupture

Il y a toutefois du nouveau sous le soleil. Et ce n'est plus rassurant pour ceux qui tiennent à l'Église comme marqueur de l'identité. Depuis 2001, les statistiques indiquent une nouvelle «rupture». «Les jeunes ne suivent pas. L'entrée en scène d'une nouvelle génération, la "Y" — celle qui est née entre 1976 et 1990 —, semble changer la donne», indique Martin Meunier. De 2001 à 2006, le prorata total de baptêmes par naissance au Québec chute: on passe de 73,5 % à 59,9 %. Même chose pour le fameux «taux d'appartenance» à l'Église, qui s'était auparavant quasiment maintenu pour l'ensemble de cette population: il passe de 78,2 % à 69,1 %.

Le fameux «catholicisme culturel» — où on se dit catholique non pratiquant, ou utilisant les baptêmes et les funérailles — commence à s'étioler. Il serait en voie «d'exculturation» au Québec.

Il y a là d'abord un effet de génération, mais le caractère non catholique des «Y» n'est évidemment pas la seule cause. D'autres événements sont venus précipiter le phénomène de décrochage. Dans l'ère post-11-Septembre et du débat sur les accommodements raisonnables, le regard sur les religions a muté, note Martin Meunier. «Il y a quelque chose qui s'est brisé dans le rapport entre le religieux et plusieurs Québécois.» Alors qu'on tolérait auparavant de se présenter comme «catholique culturel», la religion a recommencé à apparaître pour ce qu'elle est: une religion, et non plus seulement comme une étiquette identitaire sans grand effet.

L'effet Ratzinger et Ouellet

Deux personnages sont alors venus renforcer ce sentiment: les cardinaux Marc Ouellet et Joseph Ratzinger. En deux ans, de 2003 à 2005, l'un a pris la tête de l'Église du Québec, l'autre est devenu souverain pontife. Dès l'élection du second, en 2005, Martin Meunier (dans L'Annuaire du Québec 2006, Fides) évoqua la possibilité que, compte tenu des positions du cardinal allemand, son pontificat annonce «un divorce entre la culture québécoise» et le catholicisme institutionnel.

Dans ses encycliques portant sur la charité, l'espérance et l'amour, le pape Benoît XVI a «peut-être déjoué ses détracteurs», puisqu'il s'est montré moins tranchant que prévu, note Meunier. Mais plusieurs événements, entre autres l'excommunication d'une jeune fille violée au Brésil (décision d'abord appuyée puis dénoncée par le Vatican), les propos du pape sur le sida et le préservatif en Afrique ainsi que la béatification de Pie XII, ont accrédité la thèse d'un retour à une ère pré-Vatican II.

Pendant ce temps, à Québec, le cardinal Ouellet a relayé et renforcé, par plusieurs décisions et prises de position, ce sentiment. Le choc fut d'autant plus brutal que l'Église du Québec avait surtout été façonnée depuis des décennies par des catholiques de gauche qui, comme l'a écrit Meunier, avaient «marché à plein dans le renouveau personnaliste et communautaire du catholicisme post-Seconde Guerre mondiale». C'est entre autres eux, les Mgr Parent et autres père Lévesque, qui firent la Révolution tranquille. Mais les positions du cardinal Ouellet sur la «laïcité ouverte» et l'instauration du cours d'éthique et culture religieuse ont été «perçues par plusieurs comme des positions montrant des signes sinon d'intransigeance, du moins de raidissement», note Meunier. De plus, le cardinal se prévaut d'un titre historique et grandement honorifique, celui de primat de l'Église canadienne, pour contourner des instances comme l'Assemblée des évêques catholiques du Québec.

C'est dans ce contexte que le Québec reçoit le scandale des prêtres pédophiles. «Le moment actuel est désagréable, mais ce n'est pas la mort de l'institution», soutient toutefois Jean Fortier, bras droit du cardinal Turcotte. «Au Québec, on sait ce qui est arrivé avec la Révolution tranquille et la place que l'Église occupe depuis. Mais on n'a pas disparu et ce ne sera pas le cas non plus, même si la situation actuelle n'a rien pour redorer notre blason.» Martin Meunier ajoute: «Ce n'est pas tant la fin de l'Église au Québec que la fin du lien particulier que la culture québécoise avait continué d'entretenir avec le catholicisme.»

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Avec la collaboration d'Alec Castonguay

(original) http://www.ledevoir.com/societe/ethique-et-religion/286387/est-ce-la-fin-de-l-eglise-catholique-au-quebec

SCANDALE AU VATICAN


Le défenseur de la béatification de Jean-Paul II n’est plus en odeur de sainteté. Monseigneur Slawomir Oder a été écarté pour avoir révélé les mortifications que se serait infligées le pape

Caroline Pigozzi - Paris Match
Rien ne va plus entre le Vatican et Mgr Slawomir Oder, chargé de rédiger le dossier en béatification de Jean-Paul II, qui vient de rendre son rapport. Le postulateur du pape polonais a tout récemment publié « Pourquoi il est saint », un livre sorti chez Rizzoli il y a quelques jours, qui révèle les témoignages donnés sous serment sur Karol Wojtyla. En théorie encore secrets, ces textes ont suscité la fureur de Mgr Amato, le préfet de la Congrégation pour la cause des saints, stupéfait de voir ainsi ces documents confidentiels faire soudain le tour du monde, avant même que les magistrats du Saint-Siège en prennent connaissance. D’autant que les mortifications décrites par le postulateur assurant que le Saint-Père s’infligeait de rudes séances d’autoflagellation, ont fait évidemment beaucoup de bruit.

Cette démarche singulière de Mgr Oder risque de retarder la date de la béatification de Jean-Paul II et a déjà entraîné le retour discret mais précipité en Pologne du désormais très contesté prélat, plus italien que slave, qui espérait rester dans la péninsule mais n’a pas résisté à cette publicité momentanée. Jusqu’à cet incident, la cérémonie devait en principe avoir lieu le 16 octobre prochain, date anniversaire de l’accession de Jean-Paul II au poste suprême, il y a trente-deux années.

LES SERVICES SECRETS POLONAIS
ESPIONNAIENT KAROL WOJTYLA DEPUIS 1946

A la fois notaire, avocat et rapporteur – tel est son rôle –, ce vicaire judiciaire de bientôt 50 ans, choisi parce qu’il est juriste et polonais, a, avec ses collaborateurs, recueilli 114 témoignages depuis l’ouverture de la cause le 13 mai 2005, vingt-quatre années jour pour jour après l’attentat perpétré contre Jean-Paul II – à Rome, on aime les anniversaires ! Cela représente trois énormes caisses de documents scellés à la cire et maintenant déposés à la Congrégation pour la cause des saints. Les recherches sont consignées sur quelques milliers de feuilles dactylographiées. Le livre, même s’il n’était pas en droit de le faire, vient de confirmer ce que l’on avait déjà beaucoup murmuré, à l’époque, derrière les hauts murs du Vatican : en 1989 puis en 1994, à l’approche de ses 75 ans, le pape avait envisagé de démissionner en cas d’empêchements majeurs d’exercer sa charge pastorale.

Cent quatre-vingt-trois pages qui soulignent – ce qui là non plus n’est guère nouveau – que des services de renseignement avertirent le Vatican avant la tentative d’attentat de 1981 et que, depuis 1946, les services secrets polonais espionnaient consciencieusement le prêtre Wojtyla. Il ne faut jamais oublier que, ayant toujours gardé des réflexes de l’Eglise du silence, ce pape de l’Est et son entourage annotaient et classaient les dossiers avec des messages codés, préféraient, de sains réflexes, parler à l’air libre que dans des lieux clos, et envoyer des fax plutôt que des mails laissant d’indélébiles traces. L’atmosphère au Saint-Siège était alors plus que jamais à la méfiance. Dans les moments cruciaux, le Saint-Père s’exprimait spontanément dans sa langue maternelle avec ses collaborateurs, et écrivait en polonais des textes traduits ensuite en italien par la secrétairerie d’Etat.

Mais revenons sur les révélations quasi intimes des châtiments que se serait infligés Sa Sainteté. Ce document a naturellement indigné en premier son ancien secrétaire particulier, l’actuel archevêque de Cracovie, Stanislaw Dziwisz, qui confie « sotto voce » que l’une des sœurs polonaises au service du pape, passant dans le couloir et l’entendant gémir, aurait sans doute raconté à Slawomir Oder qu’il souffrait. Ce dernier aurait traduit cela en écrivant qu’il s’imposait des mortifications. Pénitence sévère que s’infligeait le pape Paul VI, ce qui avait d’ailleurs été révélé après sa mort par son secrétaire don Macchi. En effet, Paul VI portait – surtout pendant le Carême – un cilice, c’est-à-dire une ceinture de crin très raide et fort blessante à même la peau. Mais cela ne semblait guère être le cas de Jean-Paul II. Le postulateur aurait donc fait là un préjudiciable amalgame, allant jusqu’à écrire « que dans son armoire, au milieu des tuniques, sur un portemanteau, se trouvait une ceinture spéciale que le pape utilisait comme fouet et qu’il apportait toujours à Castel Gandolfo ».

Le simple bon sens laisse deviner que, depuis de longues années, sa maladie de Parkinson lui aurait interdit ce genre de pratique. De plus, le terme de « fouet » donne forcément une connotation sulfureuse, de fort mauvais goût s’agissant d’un pape. La réalité est beaucoup plus nuancée. Dans sa jeunesse, Karol Wojtyla avait confessé s’imposer des pénitences. Très mystique, il passait de longues heures à prier immobile, étendu par terre face au saint sacrement et embrassait le sol parce qu’il nourrissait un immense respect pour Dieu présent dans le tabernacle, comme me l’a maintes fois expliqué le cardinal Dziwisz. Devenu pape, il continua d’adopter cette position impressionnante dans sa chapelle privée, la nuit ou au petit matin.

De fait, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer à la lecture de ces confidences, le pape ne dormait pas à même le sol mais dans une chambre quasi monacale, au troisième étage du palais pontifical. Il lui arrivait sûrement encore de jeûner lorsque le calendrier liturgique le suggérait. C’est ce que ses collaborateurs, avec une certaine poésie, appelaient son écologie spirituelle. Comme l’explique le cardinal Roberto Tucci, le charismatique jésuite responsable vingt années durant de ses visites pastorales à l’étranger : « Je l’ai souvent vu se recueillir et prier, même pendant ses voyages.

JEAN-PAUL II AVAIT LAISSÉ UNE LETTRE À
ALI AGÇA, OÙ IL LUI PARDONNAIT SON GESTE

Quant à sa pratique des mortifications, sur laquelle je ne me prononcerai pas, c’est la manière de mieux dominer son corps et de partager ses souffrances avec le Christ, comme nous, jésuites, le faisons aussi. Même si cela ne peut se comprendre qu’à travers une relation fusionnelle avec Dieu, c’est tout à fait normal. » Ces révélations, très contestées au sein de l’Eglise à Rome, et plus encore en Pologne où elles sont considérées comme des interprétations des faits, ont beaucoup froissé les juges d’appel du tribunal ecclésial, qui auraient dû être les premiers à connaître la teneur des témoignages, en partie anonymes, et tous donnés sous serment. De plus, cela s’est traduit par un livre qui n’a jamais reçu l’imprimatur du Saint-Siège, sans quoi il serait paru aux éditions San Paolo, proches du Vatican, mais que Mgr Oder a publié de son propre chef chez Rizzoli, puisqu’il n’avait aucun « patron » au-dessus de lui.

Après tous ces incidents, où en est le processus de béatification après que, le 19 décembre 2009, le pape Benoît XVI a signé le décret reconnaissant les vertus héroïques, humaines et chrétiennes de Carol Wojtyla ? Il reste aux différentes commissions de médecins et de théologiens à examiner la guérison miraculeuse de sœur Marie- Simon-Pierre, survenue à Aix-en-Provence par l’intercession de Jean-Paul II. La religieuse française des maternités catholiques souffrait de la maladie de Parkinson ; tous ses symptômes ont maintenant disparu. Si sa guérison présumée était reconnue par les autorités compétentes, Benoît XVI pourrait solennellement décider de la béatification de son prédécesseur.

Mais pourquoi s’être arrêté sur le choix d’une religieuse, et de plus française ? Cette sœur a été retenue, parmi d’autres « candidats », du fait de la simplicité de son cas et de l’absence de mise en scène de sa guérison, telle que l’a décrite sans emphase sa mère supérieure, tandis que d’autres dossiers soulignaient surtout la sainteté des personnes guéries. Atout supplémentaire pour sœur Marie-Simon-Pierre, elle souffrait de la même maladie que Jean-Paul II. Guérie, elle a pu reprendre son activité au cœur de « la vie naissante » dans une maternité catholique parisienne. Ainsi, s’agissant d’un pape ayant tant combattu l’avortement, cette cause semblait évidemment providentielle. Un événement majeur qui est d’abord l’occasion de découvrir encore des aspects cachés de la personnalité du 263e successeur de saint Pierre. Lequel, n’échappant pas à sa nature profonde, avait notamment préparé une lettre à Ali Agça, où il lui pardonnait d’avoir voulu le tuer. Un texte jamais publié et dont l’original portait sur le dessus, selon son habitude, un code, cette fois-là un grand X.

Ce pape si proche de la Vierge, qui avait même inscrit le M de Marie sur ses armoiries, serait, encore d’après Oder, volontiers allé se confesser à Medjugorje, lieu de pèlerinage et d’apparition mariale non reconnu officiellement par l’Eglise catholique. Ce dont, là encore, doutent bon nombre de prélats polonais qui insistent sur le fait qu’en vingt-six années de pontificat Sa Sainteté n’avait jamais émis le désir de se rendre dans cette petite localité de Bosnie-Herzégovine, à 25 kilomètres au sud de Mostar. Un pape enfin qui, gardant toujours le sens de l’humour, avait un jour répondu à une religieuse qui lui avouait vouloir aspirer à la sainteté : « Mais moi aussi, je suis préoccupé par ma sainteté. » Une cause de nos jours en bonne voie, mais qui risque, par la faute du livre inopportun de Mgr Slawomir Oder, de prendre quelque retard.


Caroline Pigozzi est l’auteur du tout récent livre sur le Vatican, « Les robes rouges », éd. DDB.

(original) http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Scandale-au-Vatican-168168/

Jean-Paul II pourrait être béatifié en octobre 2011


Le doute sur la guérison par l'intercession de l'ancien pape d'une religieuse française vient d'être levé.

Jean-Paul II pourrait être béatifié, dans un an, le dimanche 16 octobre 2011. Ce sera le trente-troisième anniversaire de son élection papale. Cette perspective avait déjà été lancée, il y a un an, pour ce dimanche, 17 octobre. Elle était fort plausible, mais un incident dans la procédure de béatification a tout retardé.

Cet incident touchait la reconnaissance du «miracle», qui est une étape indispensable (sauf en cas de martyre) pour qu'une béatification soit prononcée. Ceux qui travaillent le dossier de Jean-Paul II avaient d'ailleurs l'embarras du choix, disaient-ils, tant «les déclarations de miracles abondent» à son propos. Ils avaient alors choisi une religieuse française, sœur Marie-Simon-Pierre, née en 1961, de la congrégation des Petites Sœurs des maternités catholiques parce qu'elle souffrait de la même maladie que Jean-Paul II, le Parkinson. Elle en aurait été «guérie» par l'«intercession» du pape polonais après sa mort en avril 2005. Du moins, les médecins et théologiens de la première étape - diocésaine - du procès avaient-ils validé cette «guérison extraordinaire». Sauf qu'un doute apparut cet hiver quand les médecins de la seconde étape - vaticane - du procès de béatification s'interrogèrent, non sur le fait que cette religieuse avait retrouvé la santé - qu'elle conserve bonne, aux dernières nouvelles -, mais sur le diagnostic antérieur de la maladie. «Était-ce vraiment, au départ, un Parkinson», se demandaient-ils ? Une forme rémissible de symptômes, identiques à ceux d'une maladie de Parkinson, existe en effet et peut engendrer une confusion. Un tel questionnement critique est classique. Le travail de la Congrégation pour la cause des saints consiste justement à contrôler tous les éléments du procès diocésain. Il n'est donc pas rare que Rome retarde ainsi des causes et réclame des «compléments d'informations». De ce point de vue, l'itinéraire d'un dossier - fût-ce celui de Jean-Paul II - ne peut échapper à la règle. La seule entorse admise par Benoît XVI, fut de ne pas attendre les cinq années réglementaires après la mort pour engager le procès.

«Commission théologique»
Selon une indiscrétion, jeudi, du quotidien Il Giornale, vérifiée et confirmée de bonnes sources par Le Figaro, les deux médecins spécialisés (dont l'un était à l'origine de ce doute) chargés par le Vatican d'examiner cette question sont parvenus à la conclusion que la «guérison inexpliquée» par la science de sœur Marie-Simon-Pierre est bien une «guérison» au sens médical.

D'ici Noël, ils vont réunir une «commission médicale» pour officiellement publier cet avis. Il sera examiné début 2011 par une «commission théologique», chargée, elle, de dire si ce «miracle» est dû à l'intervention de Jean-Paul II, ce qui ne devrait pas poser de problème. Le tout devant être validé par une «commission de cardinaux» permettant, a priori pour Pâques, la publication d'un «décret de reconnaissance de miracle». Ajouté au «décret sur les vertus héroïques» proclamé par Benoît XVI en décembre 2009, la voie sera alors libre pour la cérémonie de béatification à Rome.

(original) http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/10/14/01016-20101014ARTFIG00744-jean-paul-ii-pourrait-etre-beatifie-en-octobre-2011.php

La béatification prochaine de Jean-Paul II fait sourciller les victimes des prêtres

L’annonce vendredi de la béatification prochaine de Jean-Paul II par le Vatican indigne les victimes québécoises d’agressions sexuelles par des prêtres, qui y voient une simple « stratégie de relations publiques de l’Église ».


« Le pape Benoit XVI refuse de traiter les dossiers d’agressions sexuelles. En annonçant la béatification de Jean-Paul II, le Vatican détourne l’attention publique du vrai problème », soutient, outrée, la présidente de l’Association des victimes de prêtres (AVP), France Bédard.
Selon elle, la papauté utilise la popularité de l’ancien pape pour redorer son blason. « Benoit VXI et ses évêques ont été complices dans tous les drames en les étouffant, en déplaçant les scandales de ville en ville, de pays en pays», déclare-t-elle.
C’est la guérison de sœur Marie Simon-Pierre, décrétée miraculeuse, qui ouvre la voie à la béatification du pape Jean-Paul II, comme l’a annoncé vendredi le Vatican. La religieuse affirme avoir été guérie de la maladie de Parkinson deux mois après la mort de l’ancien pape en 2005, lui-même atteint de cette dégénérescence nerveuse. Elle lui aurait adressé plusieurs prières.
En réaction à l’attestation de ce miracle par le Vatican, la présidente de l’AVP se désole.
« Le véritable miracle, ce serait que Benoit XVI reconnaisse le cancer des prêtres pédophiles », lâche France Bédard.
Au diocèse de Québec, l’évêque auxiliaire Gilles Lemay a reçu la nouvelle avec joie. « Jean-Paul II a démontré des qualités remarquables comme pasteur et missionnaire, explique celui qui a été nommé monseigneur par l’ancien pape lui-même. Il a vécu l’Évangile d’une manière exceptionnelle. »
Questionné sur les réactions des associations comme l’AVP, monseigneur Lemay se dit compatissant. « C’est toujours pénible pour les victimes. Par contre, nuance-t-il, on ne peut pas rendre Jean-Paul II responsable des faiblesses qu’ont eues, dans l’Église, certaines personnes. » L’évêque auxiliaire ne voit pas dans l’annonce de la béatification de l’ancien pape une manipulation de l’opinion publique par le Vatican.
L’Association des victimes de prêtres est basée dans la région de Montréal. Elle reçoit, selon sa présidente, des plaintes d’agressions sexuelles faites par des religieux tous les jours.
En avril 2010, un sondage d’Ipsos Reid révélait qu’un Canadien sur dix connaît une victime d’agression sexuelle commise par un prêtre.
Si un deuxième miracle a lieu après la béatification de Jean-Paul II et que celui-ci est validé par le Vatican, le souverain pontife pourra être fait saint.

(original)http://ruefrontenac.com/nouvelles-generales/societe/32444-jeanpaulii-beatification

Pédophilie: la lettre qui accable le Vatican en Irlande

Les associations de défense des victimes des abus sexuels de prêtres en Irlande vont malheureusement pouvoir dire «Nous vous l'avions bien dit.» Après avoir accusé le Vatican pendant des années d'avoir couvert des cas d'abus sexuels sur des enfants dans les années 1990, ce qu'a toujours démenti l'Eglise catholique, la télévision nationale s'est procuré une lettre de 1997 dans laquelle le Vatican ordonne aux prêtres irlandais d'arrêter de signaler systématiquement toute accusation d'abus sexuel à la police.

La lettre a été écrite en réponse à une initiative prise par l'Eglise irlandaise en 1996, qui avait décidé de signaler toutes les accusations à la police. Le diplomate du Vatican en Irlande y écrit que la signalisation obligatoire à la police «donne lieu à de sérieuses réserves d'ordre à la fois moral et canonique». La lettre demande aux prêtres irlandais de rapporter les cas d'abus sexuels à la hiérarchie catholique plutôt qu'aux autorités séculaires.
La missive, marquée «strictement confidentielle», explique également que le Vatican soutiendrait tous les prêtres défroqués par l'Eglise irlandaise pour abus sexuel faisant appel de la décision, rapporte lrish Times. Ce soutien du Vatican aux prêtres défroqués avait entraîné une menace de démission de la part d'un archevêque irlandais, rapporte le site du quotidien.
Associated Press écrit, dans son style toujours emprunt de retenue, que la lettre «va à l'encontre» des affirmations de l'Eglise selon lesquelles «Rome n'a jamais ordonné aux évêques de ne pas fournir à la police des preuves ou des soupçons de crimes». Les groupes de défense de victimes sont moins réservés. Pour eux, la lettre est une preuve irréfutable de ce qu'ils affirment depuis des années. Un avocat irlandais a déclaré:
«La lettre est d'une énorme importance internationale, parce qu'elle montre que le Vatican veut empêcher la signalisation d'abus sexuels aux autorités. Et ci cet ordre s'est appliqué ici, il s'est appliqué partout.»

(original) http://fr.news.yahoo.com/79/20110119/twl-pdophilie-la-lettre-qui-accable-le-v-fe7f0c9.html

PÉDOPHILIE - Le pape demande explicitement "pardon"

"La plus grande persécution de l'Eglise ne vient pas d'ennemis extérieurs, mais naît du péché de l'Église" a lancé le pape vendredi pour clôturer l'année sacerdotale © MAXPPP   
Pour la première fois, Benoît XVI a explicitement demandé "pardon" pour les abus sexuels commis par des prêtres "à l'égard des petits", en clôturant vendredi une année sacerdotale entachée par une cascade de scandales pédophiles au sein de l'Église catholique.
Lors d'une messe concélébrée place Saint-Pierre, sous le soleil, avec 15.000 prêtres venus d'une centaine de pays, ce qui constitue une première, le pape a aussi "promis" que l'Église allait "faire tout ce qui est possible" pour que les "abus" sexuels sur des mineurs de la part d'hommes d'Église "ne puissent jamais plus survenir". "Il est arrivé que, proprement au cours de cette année de joie pour le sacrement du sacerdoce, sont venus à la lumière les péchés des prêtres - en particulier l'abus à l'égard des petits, où le sacerdoce chargé de témoigner de la prévenance de Dieu à l'égard de l'homme se trouve retourné en son contraire", a déclaré le pape.
"Nous demandons avec insistance pardon à Dieu et aux personnes impliquées, alors que nous entendons promettre de faire tout ce qui est possible pour que de tels abus ne puissent jamais plus survenir", a ajouté Benoît XVI. Il a ainsi "promis" que l'Église ferait "tout ce qui est possible pour examiner attentivement l'authenticité de la vocation" des futurs prêtres, et "mieux encore accompagner les prêtres sur leur chemin, afin que le Seigneur les protège et les garde dans les situations difficiles et face aux dangers de la vie". Ces scandales entraînent "un devoir de purification", a-t-il affirmé. Il a aussi souligné que, comme le berger qui doit protéger son troupeau, l'Église "doit utiliser le bâton du pasteur" pour "protéger la foi contre les falsificateurs, contre les orientations qui sont en réalité des désorientations".
"Réellement désolé"
"Il ne s'agit pas d'amour quand on tolère des comportements indignes de la vie sacerdotale", a-t-il lancé alors que la hiérarchie catholique est accusée de ne pas avoir sanctionné ses prêtres coupables. Depuis la publication en novembre d'un rapport en Irlande faisant état de centaines d'abus sexuels commis sur des enfants par des prêtres couverts par leur hiérarchie, les révélations sur des affaires de ce type se sont multipliées dans plusieurs pays d'Europe, y compris en Allemagne, pays natal du pape, d'Amérique du Nord et d'Amérique latine. Le pape, lui-même accusé d'avoir couvert des prêtres coupables, a durement condamné ces "péchés", affirmant notamment être "réellement désolé" dans une lettre aux catholiques irlandais. Et lors de son voyage au Portugal en mai, il a reconnu que "la plus grande persécution de l'Église ne vient pas d'ennemis extérieurs, mais naît du péché de l'Église".
Durant son premier voyage hors d'Italie de l'année, en avril à Malte, il avait également rencontré huit hommes victimes d'actes pédophiles commis par des prêtres, priant et pleurant avec eux, selon l'un d'eux. Mais il n'avait jamais jusqu'à présent prononcé le mot "pardon", ni évoqué de façon aussi explicite "les abus contre les petits". L'année sacerdotale, censée raviver les vocations, a été décrétée le 16 juin 2009 par le pape à l'occasion du 150e anniversaire de la mort du curé d'Ars, Jean-Marie Vianney. En avril, le cardinal Claudio Hummes, préfet de la Congrégation du clergé, avait appelé les 400.000 prêtres des cinq continents à venir "appuyer publiquement le Saint-Père" à cette occasion.

(original) http://www.lepoint.fr/monde/pedophilie-le-pape-demande-explicitement-pardon-11-06-2010-465733_24.php

Benoît XVI demande pardon pour «les péchés des prêtres à l'égard des petits»

Le pape Benoît XVI s'est adressé vendredi 11 juin à 15 000 prêtres du monde entier, rassemblés pour une messe place Saint-Pierre. Et pour la première fois, il a demandé explicitement pardon pour « les péchés des prêtres à l'égard des petits ». Benoît XVI a promis que l'Eglise allait tout faire pour que de tels abus n'aient plus jamais lieu à l'avenir.
Il s'agit des propos les plus explicites concernant le scandale prononcés par le souverain pontife. Le pape s’exprimait dans le cadre d'une homélie sur la place Saint-Pierre en clôture des célébrations de l'année sacerdotale de l'Eglise catholique.
S'adressant à 15 000 prêtres, Benoît XVI a estimé que l'année qui devait célébrer le clergé avait été gâchée par « la révélation de péchés de prêtres, notamment des abus visant des petits ».
Depuis la publication en novembre dernier d'un rapport en Irlande faisant état de
centaines d'abus sexuels commis sur des enfants par des prêtres couverts par
leur hiérarchie, les révélations sur des affaires de ce type se sont multipliées dans plusieurs pays d'Europe - y compris en Allemagne, pays natal du pape - d'Amérique du Nord et d'Amérique latine. Le pape lui-même est accusé d'avoir couvert des prêtres pédophiles.
Contrôle des vocations
Dans son sermon, le pape qui a rencontré des victimes américaines, australiennes et maltaises d'abus et a parlé de « péché au sein de l'Eglise », a promis que l'Eglise mettrait en place davantage de contrôles sur les candidats au clergé.
Les groupes de défense des victimes se sont dit déçus de l'absence de l'évocation de la responsabilité des évêques qui ont déplacé les prêtres pédophiles de paroisse en paroisse plutôt que de les défroquer ou de les traduire en justice.
Benoît XVI a déclaré que la communauté des prêtres catholiques, qui compte 400 000 membres dans le monde, devait considérer le scandale d'abus sexuels et ses répercussions comme « un devoir de purification », pour eux et pour l'Eglise.
Cinq évêques en Europe ont quitté leurs fonctions après avoir été impliqués dans des scandales ou tenté de les couvrir.
Un groupe de défense de victimes, présents à Rome pour l'occasion, a estimé que le pape n'avait pas été assez loin jusqu'à présent. « Le pape aurait dû annoncer une tolérance zéro vis-à-vis des prêtres qui ont commis des abus dans le monde, et assurer qu'ils seraient immédiatement retirés du clergé. C'est une démarche nettement plus forte que d'exprimer des remords », a déclaré Peter Isely de l’organisation Snap basée aux Etats-Unis.
 Avec AFP

(original) http://www.rfi.fr/europe/20100611-benoit-xvi-demande-pardon-peches-pretres-egard-petits